Contexte de l’évènement
Un incendie s’est déclenché le mardi 8 juillet 2025 vers 10h50 sur la commune des Pennes-Mirabeau, à proximité immédiate de l’échangeur entre les autoroutes A55 et A7, suite à l’incendie d’un véhicule. Attisé par un mistral fort, le feu a rapidement progressé en direction du sud-ouest, menaçant les zones périurbaines de Marseille.
Au total, près de 750 hectares ont été parcourus par les flammes entre le 8 juillet au matin et le 9 juillet.

Source : lemonde.fr
Dégradation majeure de la qualité de l’air sur Marseille
Chronologie de l’impact
Les fumées, denses et portées par le mistral, ont d’abord touché les zones proches du foyer, avant de recouvrir l’ensemble de l’agglomération marseillaise, en particulier les quartiers nord, centre et sud de la ville.
AtmoSud a mobilisé ses équipes dès le début de l’incendie afin de :
- Suivre l’évolution des concentrations de polluants ;
- Déployer ses outils de prévision et de mesure ;
- Informer rapidement les autorités et le public.
Niveaux de pollution observés
Des concentrations très élevées en particules fines PM2.5 ont été enregistrées, en particulier :
- Jusqu’à 1 000 µg/m³ dans les quartiers nord (15e et 16e arrondissements) à proximité du panache ;
- Entre 100 et 150 µg/m³ dans les quartiers du centre-ville et du sud de Marseille, atteints à partir de 13h-14h.
À titre de comparaison, la classification européenne qualifie la qualité de l’air de "très mauvaise" au-delà de 91 µg/m³ et "extrêmement mauvaise" au-delà de 140 µg/m³ en moyenne horaire pour les PM2.5.
La situation s’est progressivement améliorée dans la soirée du 8 juillet, à mesure que le panache s’est orienté vers la mer et que l’intensité de l’incendie a diminué. Le 9 juillet au matin, les concentrations étaient revenues à des niveaux proches de la normale, sauf en proximité immédiate du sinistre.
Outils de prévision et modélisation mobilisés
Dès les premières heures, les équipes d’AtmoSud ont activé le système SIMPAC de prévision de la dispersion des panaches. Ces modélisations ont permis :
- De visualiser la trajectoire attendue des fumées ;
- D’alerter les autorités sur le maintien d’une situation dégradée au cours de la journée du 8 juillet ;
- D’anticiper l’évolution du panache vers le nord-est dans la journée du 9 juillet.

Prévision de la dispersion des panaches de l’incendie le 8 juillet à 13h

Prévision de la dispersion des panaches de l’incendie le 9 juillet à 12h
Lien vers la modélisation : SIMPAC – Panache de l’incendie
Surveillance terrain : capteurs citoyens et stations de référence
Réseau de capteurs citoyens qualifiés
Grâce au déploiement de près de 50 microcapteurs dans le cadre de l’Observatoire citoyen d’AtmoSud, des mesures fines et localisées ont pu être obtenues :
- Le capteur NébuleAir 143 à Mourepiane a relevé des niveaux de PM2.5 atteignant 1 000 µg/m³ ;
- Des capteurs dans le centre-ville (près du boulevard Capitaine Gèze, jardins du Pharo, etc.) ont enregistré des pics compris entre 80 et 120 µg/m³.

Concentrations instantanées en particules fines PM2.5 mesurées dans l’aire Marseillaise
au cours de la journée du 8 juillet
Ces données ont été mises à disposition en temps réel sur la plateforme OpenAirMap : https://openairmap.atmosud.org/

Gauche : Carte des concentrations instantanées en PM2.5 le 8 juillet à 15h sur l’aire Marseillaise.
Droite : Photographie d’un capteur NebuleAir, rue Paradis à Marseille, le 8 juillet à 15h.
Cet observatoire est opérationnel grâce au soutien de la Région Sud et avec le concours de France Nature Environnement. L’ensemble des développements sont réalisés en partenariat avec AirCarto.
Stations de mesure réglementaires
Les 4 stations de référence PM2.5 de Marseille ont également enregistré des concentrations élevées, confirmant la cohérence des mesures issues des capteurs citoyens. Ces stations, situées en périphérie du panache, ont permis un suivi réglementaire du dépassement des seuils.

Concentrations horaires en PM2.5 au niveau des stations de référence sur l’aire Marseillaise
Polluants émis par les incendies
Les incendies dégagent un large spectre de polluants atmosphériques, issus d’une combustion incomplète des végétaux et des matériaux :
- Particules fines et ultrafines (PM2.5, PM10, PUF) ;
- Monoxyde de carbone (CO) ;
- Oxydes d’azote (NOx) ;
- Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ;
- Carbone suie (Black Carbon) ;
- Composés organiques volatils et semi-volatils (COV, COVNM) ;
- Dioxines et furanes (PCDD/F) en cas de combustion de matériaux chlorés.
👉 Ressource complémentaire : Dossier de presse – Incendies et qualité de l’air (AtmoSud, 2023)
Enjeux sanitaires et recommandations
L’exposition aiguë aux fumées d’incendie entraîne des risques importants pour la santé, même lors d’expositions brèves :
Recommandations générales :
- Limiter les déplacements et le temps passé à l’extérieur ;
- Maintenir les portes et fenêtres fermées, occulter les aérations ;
- Éviter les activités physiques ;
- Arrêter les ventilations mécaniques (VMC) ;
- Surveiller les personnes vulnérables.
Pour les personnes sensibles :
- Porter un masque FFP2 en cas d’exposition directe ;
- Contacter un médecin en cas de gêne respiratoire (ou le 15 en cas d’urgence).
⚠️ Les masques FFP2 sont efficaces contre les particules fines mais ne protègent pas des gaz.
Conclusion et suites
L’incendie des Pennes-Mirabeau a généré une pollution aiguë majeure sur l’aire marseillaise, avec des concentrations record de particules fines en quelques heures.
La réactivité des équipes d’AtmoSud, le déploiement d’un réseau de mesure participatif et l’usage de modèles de dispersion ont permis de documenter précisément l’évènement, d’informer les autorités et de sensibiliser la population en temps réel.
L’équipe reste mobilisée pour le suivi de l’évolution des concentrations résiduelles sur le secteur et l’analyse rétrospective complète de cet épisode.