Inventaire annuel Air-Climat-Energie : la production régionale d’énergie

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énergies renouvelables

Publié le 29 octobre 2024

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Quel bilan dresser en matière de production d’énergie en Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Au global et sur ses différents territoires ? Quelles évolutions constater sur dix ans ?

Comme chaque année, AtmoSud vous présente son inventaire annuel géolocalisé « Air-Climat-Energie »*. Des données consultables et téléchargeables sur notre application CIGALE qui dressent le triple bilan de la consommation et de la production d’énergie, des émissions de polluants atmosphériques, et des émissions de gaz à effet de serre dans la septième région de France. Un inventaire que nous avons choisi de vous présenter sous la forme d’une série en cinq volets, pour mieux en cerner les enjeux.

* Inventaire octobre 2024 sur l’année 2022. Ensemble des données actualisées par année depuis 2007.

 

Volet 2 : Production d’énergie en Provence-Alpes-Côte d'Azur

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De quoi parle-t-on ?

En matière de production d’énergie, on distincte l’énergie primaire de l’énergie secondaire produite.

  • La production d’énergie primaire correspond à l’énergie contenue à l’état naturel dans les produits énergétiques dits « bruts » tels que le charbon, le pétrole ou le gaz naturel, soit les énergies fossiles très carbonées. Elle englobe également les énergies bas carbone issues du nucléaire et les énergies renouvelables qui émettent peu ou pas de CO2 dans l’atmosphère. L’énergie primaire est donc l’énergie potentielle contenue dans ces ressources énergétiques naturelles après son extraction et avant sa transformation. Elle peut être utilisée en l’état ou transformée en énergie secondaire.
  • L’énergie secondaire est issue de la transformation de l’énergie primaire à l’état brut, extraite des ressources énergétiques naturelles. Elle est générée sous forme d’électricité ou de chaleur par les Unités d’Incinération d’Ordures Ménagères (UIOM), les centrales thermiques,… Sa quantité est souvent inférieure à celle présente dans l’énergie primaire du fait des pertes et des rendements d’unités de transformation. Bien qu’elle soit produite sur le territoire, cette énergie secondaire peut aussi l’être à partir de ressources provenant de l’extérieur.

→ Notre inventaire se base aussi bien sur les productions d’énergie primaires (électricité issue de l’éolien, du solaire, de l’hydraulique, etc.) que sur les productions secondaires (électricité produite localement à partir de gaz dans une centrale thermique). Les productions finales présentées sur notre plateforme Cigale correspondent aux productions d’électricité et de chaleur en sortie d’installation.

→ Depuis 2019, nous identifions également la production d’un troisième vecteur énergétique : l’injection de biométhane (gaz 100% renouvelable) sur le réseau de transport et distribution de gaz. Bien que peu significatif, nous le prenons également en compte sur CIGALE.

Les enjeux régionaux et planétaires d'une production moins carbonée

Du fait de procédés majoritairement carbonés (centrales à charbon et à gaz pour l’essentiel), la production d’électricité est la première source d’émission de CO2 au niveau planétaire (41%)*. Une production qui ne cesse d’augmenter (+50% entre 2010 et 2022), qui devrait doubler d’ici à 2040, et grimper de 25% supplémentaire entre 2040 et 2050.

Le mix électrique français a beau être largement décarboné et peu émetteur de CO2 par rapport à ses voisins européens (87% issu du nucléaire et des renouvelables **), la production d’électricité dans l’Hexagone représentait encore 12% de ses émissions de CO2 en 2022.

A l’échelle de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, la production d’énergie globale se chiffre à plus de 6 millions de tonnes de CO2 chaque année, ce qui représentait 16% des émissions régionales en 2022. (Source scope1).

On comprend donc pourquoi la sortie des énergies fossiles s’impose comme le leitmotiv à suivre pour contribuer à l’émergence d’un monde plus durable. L’électrification massive vers laquelle la France et le monde s’orientent pour assurer cette bascule de façon progressive impose de développer considérablement le volume d’énergie issu de la production renouvelable. En particulier pour répondre aux besoins croissants en électricité dans les secteurs très émetteurs du transport (notamment routier et maritime, avec la généralisation des motorisations électriques), de l’industrie et du bâtiment.

En région PACA, l’enjeu se pose d’autant plus que la réduction de la consommation d’énergie reste dérisoire (-1% depuis 2012). Pour compenser, une attention particulière doit donc être apportée aux modes de production pour glisser vers une énergie moins carbonée et moins polluante.

*Source développement-durable.gouv.fr
** Source RTE

Pylone electricité
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Bon à savoir : le CO2, un gaz inoffensif à l’extérieur, toxique à l’intérieur
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Si l’impact du dioxyde de carbone (CO2) est généralement associé au réchauffement climatique, il est rare d’évoquer ses effets sur la santé. Bien que considéré comme une molécule chimiquement non toxique, il est pourtant à l’origine de cas d’intoxication. Le CO2 est un gaz inodore et inoffensif à température ambiante et à concentration normale. On le trouve dans l’air extérieur dans une concentration moyenne d’environ 0,04 %, soit 415 ppm (parties par million). Une concentration qui progresse mais qui reste à ce jour sans effet sur l’homme lorsqu’il l’inspire.

Son innocuité n’est cependant pas de rigueur concernant l’air intérieur. En milieu clos, la concentration de CO2 est supérieure à celle mesurée en extérieur, notamment à cause du dioxyde de carbone expiré par les occupants. Si vous cherchiez un coupable au phénomène de somnolence et au manque de concentration qui surviennent au bout d’un certain temps dans les salles de réunion et les classes d’écoles, vous l’avez trouvé. Un volume plus élevé de CO2 dans l’air ambiant impact l’attention et les capacités cognitives. D’où l’importance de renouveler régulièrement l’air intérieur en ouvrant les portes et les fenêtres.

Sachez enfin qu’être exposé à une concentration de plus de 10% de CO2 dans l’air peut être fatal. Fort heureusement, la probabilité de se retrouver dans un tel cas de figure est extrêmement rare.

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10% de la consommation couverte par les EnR en PACA

Dans le cadre de son Plan Climat 2021-2026, la Région Sud ambitionne de miser massivement sur les ressources naturelles du territoire (soleil, vent et hydrogène vert en tête) pour multiplier par cinq la production d’énergie renouvelable (EnR). En 2021, cette part de renouvelable représentait 50,8% des énergies produites. Elle couvrait 42% des besoins en électricité des habitants du territoire l’année suivante, en grande partie grâce à la puissance voltaïque.

Quant à l’hydrogène vert, la Région Sud ambitionne de déployer la filière dans le cadre de son « Plan hydrogène et énergies du futur » au travers duquel 28 000 tonnes d’hydrogène décarboné, soit une capacité de production énergétique de 100 MW (l’équivalent d’⅒ de l’énergie produite par un réacteur nucléaire) devrait être assurée grâce à de nouvelles installations.

Quand l’ambition régionale est de couvrir 100% de la consommation énergétique des habitants d’ici à 2050, un coup d’accélérateur est attendu pour développer considérablement la production issue du renouvelable sur un territoire encore largement dépendant aux énergies fossiles. A ce jour, elle ne couvre que 10% de cette consommation.

L'implantation de deux parcs d'éoliennes flottantes dans le Golfe de Fos, qui représente une puissance totale cumulée d'environ 0,7 à 0,8 GW, devrait participer à l'augmentation du volume d'énergie renouvelable produite sur le territoire régional (mise en service entre 2031 et 2034). Elle viendra compléter les performances de La ferme pilote d’éoliennes flottantes de Faraman (Provence Grand Large), issue d’un appel à projet de l’Ademe lancé en 2015, destinée à couvrir les besoins énergétiques de 40 000 habitants.

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Production énergies PACA 2022

                                     Rouge : part d'énergie produite issue des EnR -
                                     Rose : part d'énergie produite issue du non renouvelabe

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Notre analyse

  • En 10 ans, la part d’énergie produite sur la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur affiche une augmentation de 50%.
  • La part d’énergie produite issue du non renouvelable (thermique fossile, cogénération et incinération) a augmenté de 131%. Elle représente 58% de la production régionale. Cette hausse considérable s’explique en grande partie par l’augmentation de la vente des pompes à chaleur aérothermiques, qui ne sont pas considérées comme des productions énergétiques provenant du renouvelable (lire notre encadré ci-dessous)
  • Le volume d’énergie produit issu des EnR reste stable. Il représente 42% de l’énergie globale produite sur le territoire, soit 10% de notre consommation énergétique.
  • Cette stagnation s’explique pour l’essentiel par la diminution conséquente de l’énergie issue de l’hydraulique : en 2012 elle fournissait 60% des productions issues du renouvelable sur le territoire, contre 46% en 2022). Une baisse significative qui s’explique par les variations interannuelles liées aux précipitations. 2022 ayant été marquée par la sécheresse, avec un cumul de précipitations au premier semestre historiquement faible depuis le début de l’enregistrement des mesures en 1958, la chute de la production hydroélectrique n’a pu être évitée (-35% par rapport à 2021, -48% par rapport à 2020).
  • La plus belle envolée renouvelable revient quant à elle au solaire photovoltaïque, qui a fait un bond de 14% en 10 ans pour atteindre 19% en 2022 (vs 12% au niveau national). Ce qui représente une croissance de production de +296%. La filière régionale devient ainsi  la 3ème puissance installée sur le territoire national. En bénéficiant d’un ensoleillement de près de 3 000 h/an, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur occupe chaque année la première place des facteurs de charge solaire en France métropolitaine.
    Production E. 2012-2022 PACA
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Les pompes à chaleur : une énergie renouvelable et non renouvelable

 

Les inventoristes considèrent que l’énergie issue des pompes à chaleur air/air (PAC aérothermiques qui utilisent l’air comme source d’énergie ), air/eau et les chauffe-eaux thermodynamiques est non renouvelable. D’une part, parce qu’elles recourent à une consommation d’électricité sur le réseau pour fonctionner, de l’autre, parce que leur coefficient de performance (rendement) est généralement peu élevé.

A contrario, les pompes à chaleur autres qu’aérothermiques (air/sol ou sol/sol) sont classées dans la catégorie renouvelable, bien qu'également dépendantes de l’électricité de réseau, car elles offrent un coefficient de performance supérieur. A titre d'exemple, les PACS géothermiques, qui utilisent la chaleur de la terre pour chauffer directement l’air de la maison.

Sur notre plateforme CIGALE, seules les PAC géothermiques sont prises en compte pour fournir nos données « pompes à chaleur » dans les répartitions des EnR par filières.

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Production des principales filières d'EnR par territoire

Avec une production d’énergie de 3 540 GWh issue du renouvelable, les Bouches-du-Rhône s’imposent comme le territoire qui produit le plus d’énergie verte (27% de la production totale), la filière Biomasse en première ligne (25% d’EnR produite via 37 installations). Le département est talonné de près par le Vaucluse (3 515 GWh), suivi par les Alpes-de-Haute-Provence (2 680 GWh), le Var (1 683 GWh) et les Hautes-Alpes (1 613 GWh). Les Alpes-Maritimes occupent la queue de peloton avec 1 346 Gwh produits.

 

BDR-VAUC
AHP-VAR
AM
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Spécificités :
le Var est le seul territoire régional à exploiter l’énergie éolienne (5% - 87 GWh produits), quand les Alpes-de-Haute-Provence ne développent que trois filières d’EnR : l’hydraulique (65% - 1 750 GWh), le solaire photovoltaïque (21% - 561 GWh) et la Biomasse (13% - 346 GWh).  A noter que pour cette dernière, les installation de chaufferies collectives sont équipées de filtres pour limiter les émissions de particules fines, à l’inverse des installations individuelles, responsables de 60% des émissions de PM2.5 sur la région.

 

Au regard de l’impact sur le climat des émissions de gaz fluorés dans l’atmosphère, nous avons choisi d’intégrer leurs émissions dans notre dernier inventaire « Air-Climat-Energie ».

Les gaz fluorés sont des Gaz à Effet de Serre (GES) qui, comme tous les GES, sont dans le viseur des experts environnementaux du fait de leur impact considérable sur le réchauffement climatique. Certains d’entre eux ont la particularité de contribuer activement à la dégradation de la couche d’ozone en amenuisant ses capacités de protection contre les rayons ultraviolets.

Classés en cinq catégories, ils renferment l’hexafluorure de soufre (SF6), composé chimique de souffre et de fluor, dont 97% des émissions sont liées à la production d’énergie. Un secteur où ce gaz fluoré est largement utilisé pour ses propriétés d’isolation thermique, notamment réfrigérantes (réfrigérateurs, climatiseurs, pompes à chaleur…)

Présent dans l’air sous la forme d’un gaz inerte, inodore et incolore, son potentiel de réchauffement global est 23 500 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone (CO2) à cent ans. Bien que les GES fluorés ne soient émis qu’en petite quantité, leur accumulation dans l’air préoccupe les groupes environnementaux du fait de leur longue espérance de vie. Ils font d’ailleurs l’objet d’une réglementation issue des engagements pris par la communauté internationale dans le cadre du protocole de Montréal et du protocole de Kyoto pour limiter leurs émissions.

En Région Provence Alpes-Côte-d’Azur, les émissions de l’hexafluorure de soufre (SF6) dans le secteur de la production d’énergie sont en baisse de -30% depuis 2012. Elles représentent aujourd’hui 40 000t en équivalent CO2, soit environ 0,1% des émissions régionales.

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Zoom territorial

Denis Jacob - d’AVEPPA-PRODUCTION Venelles

Denis Jacob, Président d’AVEPPA-PRODUCTION – Venelles  

Vous présidez l’association AVEPPA à Venelles, l’Association Villageoise d’énergie Photovoltaïque en Pays d’Aix, et la Coopérative Citoyenne AVEPPA PRODUCTION, qui vient compléter ses actions. Pouvez-vous nous les présenter ? 

D.J. : L’association AVEPPA, créée en juillet 2019, se donne pour mission de sensibiliser et de former le public aux enjeux de l’énergie et de sa production responsable en mettant l’accent sur les énergies renouvelables, plus particulièrement l’énergie solaire photovoltaïque. AVEPPA PRODUCTION, créée 6 mois plus tard, est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif de 130 sociétaires qui conçoit, installe et exploite des centrales photovoltaïques en louant des toitures munies de capteurs aux collectivités et aux entreprises. Les deux structures se complètent et sont le fruit d’un projet citoyen basé sur l’utilisation des ressources locales dont les retombées économiques profitent essentiellement et directement aux habitants, entreprises et collectivités du territoire.

Quels sont les projets que vous avez réalisé ?

D.J. : Nous avons équipé le toit de l’école municipale de Venelles d’une puissance installée de 36 kWh que nous revendons à EDF avec obligation d’achat pour être réinjectée sur le réseau. Nous avons également couvert le toit d’une entreprise de service installée à Gardanne sur 1 000 m² : 200 kWh sont réinjectés pour la consommation directe de l’entreprise, les 164 kWh autres, revendus à EDF. Parmi les projets en cours, nous travaillons sur une installation pour le toit de l’école municipale de Fuveau, avec l’objectif d’installer une boucle d’autoconsommation collective patrimoniale destinée à tous les bâtiments publics de la commune. Et sur la couverture d’une petite crèche à Gardanne, où l’électricité solaire produite sera revendue en totalité à EDF.

Quel lien faites-vous entre la production d’énergie renouvelable et la qualité de l’air ?

D.J. : Je viens de l’ingénierie thermique et énergétique, un secteur où j’ai longtemps travaillé. La production d’énergie et la qualité de l’air sont liées de façon indirecte : en produisant une énergie peu ou pas carbonée, on contribue indéniablement à une meilleure qualité d’air.

 


 

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Retrouvez le premier volet consacré au décryptage de notre dernier inventaire annuel : la consommation d’énergie en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

L’inventaire de la production énergétique finale sur nos autres territoires : https://cigale.atmosud.org/visualisation.php

CIGALE présente les données « Air-Climat-Energie » pour la région Provence-Alpes- Côte d’Azur, ses départements, ses Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Les communes des EPCI adhérentes d’AtmoSud peuvent visualiser ces données sous forme graphique.

Plusieurs ressources sont mises à disposition pour comprendre comment sont calculées les données disponibles en base et présentées sur CIGALE. Consultez Note méthodologique d'élaboration de l'inventaire régional des consommations et productions d'énergies en Provence Alpes Côte d'Azur

 

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