Incendies estivaux dans le Sud : quels impacts sur l’air et la santé ?

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incendie martigues 17 juillet 2025

Publié le 18 juillet 2025

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La France métropolitaine compte 16,9 millions d’hectares de forêts, ce qui en fait le quatrième pays le plus boisé d’Europe. Cette richesse forestière constitue aussi une vulnérabilité, particulièrement en été, où le risque d’incendie est fortement accru.

En 2022, près d’une commune sur cinq en France – soit 6 870 au total – a été classée comme exposée au risque de feu de forêt par les autorités préfectorales (source : base de données GASPAR). Les trois quarts de ces communes se situent dans le sud du pays, où la combinaison d’une végétation dense et inflammable (résineux, broussailles) et de conditions climatiques propices (vents forts, chaleur, sécheresse) favorise le déclenchement et la propagation des incendies.

Cinq régions concentrent à elles seules 90% des communes à risque : l’Occitanie, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse. Le pourtour méditerranéen est particulièrement vulnérable, touché aussi bien par les feux de forêt que par ceux de végétation (zones agricoles, friches…). Entre 1973 et 2022, on y recense près de 118 000 départs de feux, ayant ravagé plus de 942 000 hectares de surface forestière.

Ainsi chaque été, la région Sud est confrontée à un risque élevé d’incendies. Ces feux, d’origine naturelle ou humaine, ravagent les espaces naturels et la biodiversité, mais ont également des conséquences majeures sur la qualité de l’air et la santé des populations. Lors de ces événements, de nombreux polluants sont émis dans l’atmosphère, parfois sur de longues distances.

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De nombreux polluants émis lors d'un incendie 

Les principaux polluants émis dans l'atmosphère lors d'un incendie sont :

  • particules fines PM (PM10, PM2.5) et ultrafines
  • carbone suie (Black Carbon)
  • dioxyde de soufre SO2
  • oxydes d'azote NOx
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  • composés organiques non volatils COVNM
  • monoxyde de carbone CO
  • hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP
  • éventuellement dioxines et furanes PCDD-F en cas de présence de chlorés (intrants agricoles principalement)
  • gaz à effet de serre : dioxyde de carbone CO2, méthane CH4, protoxyde d'azote N2O.

Les particules : polluants majoritaires lors d'un incendie

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Les différentes phases du feu vont émettre les composés dans des proportions différentes. Les NOx seront principalement émis lorsque le feu est le plus fort. HAP, CO et COV, notamment, seront plus émis lorsque le feu ralentit et que la température baisse (combustion moins complète).

Lors des feux de forêts, les particules en suspension sont invariablement les polluants aux concentrations les plus élevées au regard des seuils réglementaires, et ceux qui exposent le plus à la fois les populations riveraines et les professionnels de la lutte contre les incendies (80-90% des PM10 émises sont des PM2.5).

Les feux de forêts en région Sud

Chiffres
368
Texte
incendies en 2024
457
Texte
hectares brûlés en 2024
174
Texte
tonnes de PM2.5 émises en 2024 (données estimées*)
9
Texte
incendies sur 10 sont d'origine humaine
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*Les données d'émissions 2024 sont estimées à partir des surfaces brûlées (BDIFF), les données consolidées sont en attente de la finalisation de l’inventaire des émissions 2023 d’AtmoSud. L'ensemble de ces informations est accessible sur la plateforme CIGALE mise à jour récemment.

Recommandations sanitaires

Selon l'ANSES, l'inhalation à court terme des fumées provoquent des effets respiratoires, comme des symptômes respiratoires d’irritation, et des effets cardiovasculaires. Il est donc important de suivre les recommandations sanitaires.
 

Pour tous, dans les zones non évacuées où parviennent les panaches de fumées des feux, il est recommandé de :

  • limiter les déplacements et le temps passé à l’extérieur,
  • garder les portes et fenêtres fermées et n’aérer que lorsque les conditions le permettent,
  • occulter les aérations avec des linges humides,
  • arrêter les ventilations mécaniques contrôlées (VMC) durant les épisodes de fumées,
  • éviter les activités physiques en plein air dans le secteur,
  • veiller à la qualité de l’air à l’intérieur de son domicile en évitant l’encens, les bougies, etc.,
  • surveiller de près les personnes sensibles.
     

Pour les personnes sensibles, à savoir les personnes ayant des antécédents respiratoires de type asthme, insuffisance respiratoire chronique ou autres pathologies respiratoires ou cardiovasculaires :

  • En cas d’exposition directe aux fumées, porter un masque filtrant (de type FFP2),
  • En cas d’apparition de symptômes ou d’une gêne respiratoire, se rapprocher d’un médecin généraliste, et à défaut, en fonction de l’intensité des symptômes ou de la gêne respiratoire, contacter le 15.

Les outils de surveillance utilisés par AtmoSud

Les observations

En complément des stations de référence, des microcapteurs sont déployés dans le cadre de l’Observatoire citoyen d’AtmoSud. Ils permettent de suivre à fine échelle l'évolution des niveaux de particules fines PM2.5 en temps réel.

Consultez les données en temps réel des microcapteurs : https://openairmap.atmosud.org/

Exemple de données observées par les microcapteurs lors de l'incendie du 8 juillet 2025 aux Pennes-Mirabeau

donnees microcapteurs feu PennesMirabeau Marseille 8 juillet 2025

La prévision

Lors des incendies, les équipes d’AtmoSud activent le système SIMPAC de prévision de la dispersion des panaches pour connaître en temps réel l’évolution des fronts de flammes, des masses d’air polluées et des  zones potentiellement impactées par les incendies. Ces modélisations permettent :
• De visualiser la trajectoire attendue des fumées ;
• D’alerter les autorités sur le maintien d’une situation dégradée ;
• D’anticiper l’évolution du panache.

Exemple de simulation de l'incendie de Martigues du 18 juillet 2025 14h-20h, avec reprise de feu dans le vallon de Valtrède avec vents du Sud

simulation feu Martigues 18 juillet 2025 14h-20h

Les signalements de nuisances : SignalAir

Vous pouvez nous aider dans la surveillance des incendies en reportant vos gênes (odeurs, panaches…) et vos symptômes via notre plateforme de signalement SignalAir. Cette dernière permet de consulter la liste des signalements et leur localisation sur le site et l'application.

Le suivi des feux de forêts et de leurs impacts

AtmoSud a développé un tableau de bord permettant le suivi depuis 2007 : du nombre d’incendies, de la superficie des espaces brulés ainsi que de la masse de polluants émis par ces incendies par département en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce tableau de bord utilise les données des inventaires AtmoSud.

Conséquences des incendies sur l’environnement

Les incendies de forêt et de végétation ont de lourds impacts sur l’environnement, à plusieurs niveaux :

  • Destruction d’écosystèmes riches et fragiles
    Chaque incendie ravage des milieux naturels précieux, abritant une faune et une flore variées. La végétation est souvent entièrement consumée, et de nombreux animaux périssent dans les flammes. Seuls certains grands mammifères ou oiseaux parviennent à fuir à temps, laissant derrière eux des habitats détruits.

  • Dégradation de la qualité de l’air
    Les feux de végétation libèrent une grande quantité de polluants dans l’atmosphère. La composition des fumées dépend de plusieurs facteurs : type de végétation, humidité, densité, intensité et aération du feu, ou encore distance par rapport au foyer. Les stations de mesure ne sont pas toujours à proximité des sources boisées, c'est pourquoi AtmoSud utilise des outils de simulation des incendies.

  • Émission de gaz à effet de serre (GES)
    La végétation capte le dioxyde de carbone (CO₂) de l’atmosphère tout au long de sa vie via la photosynthèse, constituant ainsi un réservoir de carbone. Lorsqu’elle brûle, ce carbone est relâché dans l’air sous forme de gaz à effet de serre, principalement du CO₂. Si les incendies libèrent ponctuellement d’importantes quantités de GES, leur contribution aux émissions nationales reste aujourd’hui relativement faible (environ un millième du total), loin derrière les niveaux observés lors des feux extrêmes au Canada en 2023 ou en Australie en 2019-2020.

Les effets du changement climatique sur le risque incendie

Le changement climatique constitue un facteur aggravant du risque d’incendie de forêt et de végétation. Les conditions météorologiques jouent en effet un rôle déterminant dans la propagation et l’intensité des feux.

  • Des températures plus élevées accentuent la transpiration des plantes et assèchent les sols, rendant la végétation plus vulnérable à l’embrasement.

  • Des épisodes de sécheresse plus fréquents, notamment en été, période déjà propice aux incendies, devraient s’intensifier dans certaines régions, renforçant encore le phénomène.

Jusqu’à récemment, le risque d’incendie concernait principalement le Sud de la France, en particulier la zone méditerranéenne (Sud-Est) et le massif des Landes de Gascogne (Sud-Ouest). Mais les études menées à l’échelle nationale montrent une évolution préoccupante : les zones à risque s’étendent désormais vers le nord du territoire.

Selon un rapport du Sénat, d’ici 2050, près de 50% des landes et forêts métropolitaines pourraient être exposées à un risque élevé d’incendie, contre un tiers en 2010. Cette évolution reflète un double phénomène : l’intensification du risque dans les zones déjà touchées, et l’apparition de nouveaux foyers de vulnérabilité dans des régions historiquement peu concernées.

Les régions méditerranéennes sont particulièrement touchées avec une multiplication par 2 des jours de dangers très élevés, passant de 40 actuellement pour dépasser les 80 jours en moyenne par an.

carte Météo France risque incendie évolution température

 

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Dossier de presse - Incendies & Qualité de l'air - Santé - Climat

Chaque année, 300 à 400 millions d’hectares sont brûlés dans le monde. La…
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