Depuis 2023, il dirige RespirERA, l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Nice, porté par l'Université Côte d'Azur, le CHU de Nice, l'Inria et l'Inserm. Pour Inspirons !, le Pr Paul Hofman revient sur la raison d’être de ce pôle d’excellence axé "santé respiratoire-environnement-vieillissement". L’un de ses objectifs : réduire l’incidence des maladies pulmonaires liées à la pollution couplée au réchauffement climatique. Entretien.
Propos recueillis par Frédérique Jacquemin
Dans une interview accordée à Sciences & Avenir, vous soulignez "l’augmentation inéluctable chaque année" des maladies respiratoires, avançant l’incidence de la pollution atmosphérique et du réchauffement climatique. Sur quelles bases établissez-vous ce constat ?
Paul Hofman : On connaît bien aujourd’hui le rôle de la pollution atmosphérique dans les maladies respiratoires, même si l’on dispose encore de peu de recueils de données. Depuis au moins une quinzaine d’années, ces maladies ne font qu’augmenter partout dans le monde. Le cancer du poumon repart à la hausse, en particulier chez les femmes. Mais on constate aussi que ce cancer est en nette progression chez les non-fumeurs, pour représenter la cinquième cause mondiale de mortalité par cancer. Il faut donc aller chercher des causes ailleurs que dans le tabagisme. La pollution atmosphérique en est une, elle relaie le tabac dans le cancer du poumon. L’Organisation mondiale de la santé l’a d’ailleurs reconnue en tant que cancérigène de type 1.
A l’IHU de Nice, nous pensons que nous ne pouvons pas dissocier cet impact de la pollution du réchauffement climatique. On constate d’ailleurs que durant les mois d’été, quand la pollution est plus forte, le nombre d’hospitalisations pour causes respiratoires atteint son apogée. Et ces maladies représentent globalement la première cause d’hospitalisation à Nice. Dans 10 ans, il y a de fortes chances que les maladies respiratoires, le cancer du poumon, mais aussi les fibroses pulmonaires, l’asthme chronique ou encore la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), soient la première cause de décès.