Zoom territorial
Richard CHEMLA, vice-président de la Métropole Nice-Côte d'Azur en charge de la transition écologique
Depuis 2010, la Métropole Nice Côte d'Azur se donne pour mission d'être une Métropole pilote dans sa démarche "zéro carbone". Comment cela se traduit-il sur la réduction de ses émissions de GES ?
La réduction des GES était déjà inscrite dans notre Plan Climat Energie Territorial (PCET) en 2013. Elle a été renforcée dans notre Plan Air Climat Energie Territorial (PCAET) en 2019. Nous sommes sur le point de publier notre bilan à mi-parcours qui rappelle les échéances de 2026, de 2030 et de 2050 concernant nos émissions de GES, de polluants atmosphériques et la production et la consommation d'énergie renouvelable. Sachant que la particularité de notre Métropole est de suivre les émissions de GES sur trois périmètres différents. Le premier, territorial, englobe tous les acteurs et les secteurs du territoire métropolitain. Nous le réalisons grâce aux données de la plateforme CIGALE d'AtmoSud qui nous permettent de mettre à jour notre diagnostic territorial. Le second, qui nous distingue des autres Métropoles dans sa prise en compte, est le périmètre intermédiaire, que l’on appelle périmètre d'influence. Par convention, celui-ci prend en compte 45% des émissions de GES du territoire. Dans le cadre de notre prochain Plan Climat, nous souhaitons l'affiner avec AtmoSud pour fournir des hypothèses plus précises car ce pourcentage dépend en réalité des secteurs et des activités du territoire. Enfin, le troisième périmètre est le périmètre direct, soit celui du bilan carbone du patrimoine et des services de la Métropole.
Sur 10 ans, la Métropole niçoise a réduit ses émissions de GES de 17%* et augmenté sa capacité de séquestration (23,5%)**. Quel bilan tirez-vous à mi-parcours de votre Plan Climat ?
En accord avec les objectifs européens, le président de la Métropole, Christian Estrosi, s'est engagé à réduire les émissions du territoire métropolitain de -55% en 2030 par rapport aux émissions de 1990 et vise la neutralité carbone pour 2050. Comme de nombreux territoires en France, nous nous rendons compte que le défi d’atteindre ces objectifs est élevé et cela demandera les efforts de tous les acteurs du territoire. Si nous affichons de belles avancées, notamment en matière de mobilité, avec un objectif de 600 points de recharge pour véhicules électriques atteint avec deux ans d’avance, nous rencontrons aussi des difficultés. Notamment en matière de production d'énergie renouvelable, du fait des impacts du réchauffement climatique, comme les tempêtes qui ont endommagé les barrages hydrauliques en 2021. Mais nous continuons de déployer des actions autour de nos quatre piliers pour nous approcher au mieux de l'objectif : le traitement des déchets, la production d'énergie renouvelable, la rénovation énergétique des bâtiments et la mobilité.
Quels sont vos grands chantiers en cours pour favoriser la réduction des GES sur le territoire métropolitain ?
Sur le pilier des déchets nous réalisons la rénovation de l’Usine de Valorisation Energétique (UVE) qui permettra d’atteindre une performance énergétique de 90%. La production d’énergie électrique sera triplée atteignant ainsi 170 GWh/an et l’équivalent de 5 000 logements supplémentaires seront raccordés au réseau de chaleur. En parallèle nous construisons le centre de tri des déchets à l’Ariane permettant d’éviter le transport des déchets vers le site de Cannes comme actuellement (250 000 km en camion par an seront ainsi évités).
Concernant la mobilité nous avons déjà décarboné 89% des voyages en transports en commun grâce aux tramways, aux bus au biogaz et aux bus électriques. Nous poursuivons cette décarbonation.
Sur le plan énergétique, en plus de l’extension du réseau de chaleur de l’UVE, nous raccordons progressivement les bâtiments aux deux nouveaux réseaux de chaleur Mérida Smart Energie et Grand Arénas. Un quatrième réseau de chaleur est en préparation.
Nous réalisons également la rénovation de la station d'épuration HALIOTIS. Celle-ci permettra de produire 43 GWh/an de biométhane, pour chauffer l’équivalent de 11 000 logements ou alimenter 290 bus en biocarburant tout en perfectionnant le traitement des eaux usées.
Enfin concernant son administration, la Métropole s’est engagée dès 2022 dans un Plan de sobriété énergétique important visant notamment la diminution de la consommation d’espaces pour les locaux administratifs et la réduction des consommations de sa flotte de véhicules.
Selon les données CIGALE, pour la Métropole :
* : 2022 / 2012 périmètre PCAET hors sources additionnelles : 1 850 686 / 2 229 901 tCO2e = 0,8289 ~ -17%
** : 2022 / 2012, quelque soit le périmètre = 255 295/206 667 tCO2e = 1,235 ~ +23,5%