Pierre-Charles Maria, Président d’AtmoSud vient de donner son feu vert pour partager les mesures de particules ultrafines en temps réel sur le site Internet d’AtmoSud. C’est le résultat d’une dizaine d’années de recherches, d’équipement en matériels de haute technologie et d’analyses de fiabilité des mesures de « l’ultra petit ». Cette avancée en matière d’ouverture des données de particules ultrafines constitue une première en France et certainement en Europe !
Une particule de 10 µm pèse autant qu’1 million de particules de 0.1 µm
Bien que le comptage des particules ultrafines (PUF) ne soit pas une obligation réglementaire, l’importance de connaître leur taille et leur nombre est identifiée par AtmoSud depuis une dizaine d’années. Elles ont d’abord été mesurées en collaboration avec l’équipe du Professeur Wortham du Laboratoire de Chimie Environnement et l’INERIS dans cadre de travaux de recherche appliquée. Depuis 2014, les particules ultrafines font l’objet d’une surveillance opérationnelle sur le long terme sur deux « supersites » : Marseille -Longchamp et Port de Bouc-La Lèque.
Plusieurs publications, comme le rapport d’étude FORMES (Fraction organiques des aérosols – méthodologie d’estimation des sources – synthèse : page 5), sont consultables en ligne (Rubrique Etudes et publications).
Au niveau européen, la réglementation des particules porte sur les PM10 et PM2.5. Ces grandeurs correspondent à la masse des particules par volume d’air (µg/m3). Si cette méthode permet de déterminer la masse totale des particules de 0 à 10 µm (PM10) ou de 0 à 2.5 µm (PM2.5), elle occulte la perception des particules les plus fines. En effet, si l’on considère que les particules ont la même densité : une particule de 10 µm pèse autant qu’1 million de particules de 0.1 µm.
Or, c’est sur ces particules que pèsent les interrogations les plus fortes en matière d’impact sanitaire. Elles pénètrent profondément dans les poumons. On y trouve notamment les suies diesel, qu’elles soient issues des voitures, des camions ou des navires (particules émises par la combustion diesel autour de 0.1 µm).
Les travaux de l’OMS mettent en évidence le caractère cancérigène de ces suies diesel et pointent l’importance de réduire ces rejets.
Parmi les résultats de l’étude SCENARII, conduite par AtmoSud, autour de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône), les particules diesel notamment ont été identifiées comme facteur de risque à long terme.
Particule ultrafine de suie diesel au microscope (source : A. Gaudichet)
La taille et le nombre des particules ultrafines indiquent leurs sources potentielles
Pour mesurer les particules ultrafines entre 20 et 1 000 nanomètres, AtmoSud a acquis en 2014 et en 2015, deux granulomètres de haute technologie qui passent les aérosols atmosphériques au peigne fin.
Le comptage des particules ultrafines permet d’émettre des hypothèses quant aux liens possibles entre les panaches industriels ou ceux des navires, le trafic routier et les niveaux de pollution observés.
Pour autant, la comparaison entre les deux sites de mesure montre que si les pointes sont effectivement plus intenses à Port de Bouc en proximité industrielle, le centre-ville de Marseille affiche, en moyenne, des teneurs supérieures en particules.
Par ailleurs, en 2016, les niveaux moyens annuels observés sur le deux sites (entre 8000 et 9000 particules/cm3) sont comparables à ceux observés dans d’autres villes de France (Lyon, Grenoble et Bordeaux). Des maximums peuvent atteindre 21000 particules/cm3 à Marseille en moyenne journalière et 45000 particules/cm3 à Port-de-Bouc. Les particules de taille entre 20 et 70 nm sont les plus nombreuses.
AtmoSud contribue à la mise en place d’un standard de mesure
Cette surveillance s’inscrit dans une démarche nationale engagée avec les autres Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air sous la coordination du Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l'Air. L’objectif est de standardiser ces mesures et de permettre à chacun, en l’absence de référentiel sanitaire ou réglementaire, de se situer et de qualifier la situation des secteurs échantillonnés.
Vers le renforcement de cette surveillance dans le secteur de l’étang de Berre et dans les environs portuaires
L’orientation prise par le Bureau d’AtmoSud est de renforcer cette surveillance dans le secteur de l’étang de Berre, en lien avec les travaux développés dans le cadre du Plan régional Santé Environnement, notamment SCENARII et POLIS. Un programme de développement de ces mesurages sera soumis à la validation du Conseil d’Administration d’AtmoSud en mai 2018. Par ailleurs dans le cadre de son programme Port, des comptages des particules ultrafines sont prévues dès cet été sur les quartiers, susceptibles d’être les plus impactés, de Marseille et de Nice.