Née à Simiane-Collongue (13) en 2022, l’AMEP, Association pour la Mutualisation d’une Energie de Proximité, compte désormais une quinzaine de projets un peu partout dans l’Hexagone. Le socle singulier de cette communauté d’EnR : le partage gratuit du surplus d’énergie solaire produit. La cofondatrice du réseau, Julie Lacombe, revient pour Inspirons ! sur cette aventure solidaire.
Comment est née le réseau des AMEP ?
Julie Lacombe : En 2022, quand Christophe Brun s’est installé à Simiane, sa vigne était particulièrement abondante. Il s’est mis a distribuer gratuitement des grappes de raisin au voisinage, ce qui lui a donné l’idée de faire la même chose avec le surplus d’énergie solaire produit par les panneaux photovoltaïques posés sur son toit. En parallèle, nous étions tous deux impliqués dans le collectif citoyen Simiane en transition. Il m’a parlé de son idée et je l’ai rejoint dans le projet. Deux mois plus tard, nous commencions à organiser des webinaires mensuels pour construire un réseau autour de ce concept de communauté d’énergie renouvelable solidaire. Nous ne nous attendions pas à un tel succès ! L’année suivante, une dizaine de projets d’AMEP voyait le jour un peu partout en France, et nous en comptons 16 aujourd’hui.
Concrètement, comment fonctionne ce partage d’énergie ?
J.L.: Lorsque l’on auto-consomme l’électricité renouvelable que l’on produit, il y a toujours un surplus, une part d’énergie qui n’est pas consommée. Depuis 2021, il est possible de la redistribuer sous condition d’avoir un statut qui s’y prête, comme celui d’association. Une fois fait, le producteur d’EnR n’a plus qu’à renseigner à Enedis les compteurs Linky où il souhaite que cette énergie solaire excédentaire soit distribuée. Dans le cas de plusieurs destinataires, il doit également renseigner la quantité d’électricité qui sera injectée. A Simiane, nous la redistribuons entièrement à notre ESAT depuis qu’un autre voisin est entré dans la boucle de production en posant des panneaux photovoltaïques sur son toit. Sur un an, l’établissement a ainsi pu réduire sa facture d’électricité de moitié.
Mais tous les projets portés par les AMEP sont différents : pour celle de Sophia Antipolis, près de Nice, l’excédent d’énergie solaire profite à un voisinage précaire. A Dieulefit, dans la Drôme, à une association de migrants. Ici, à Mimet, une dame a rejoint le réseau pour donner son surplus à sa fille, laquelle partage sa propre énergie excédentaire avec un foyer de vie pour personnes en situation de handicap.
Quelles sont les conditions pour rejoindre le réseau ?
J.L.: L’idée est d’adhérer à nos 4 valeurs clés, que nous regroupons sous l’acronyme "LEGS". "L" pour lien social, chaque AMEP s’engageant à contribuer au lien social de proximité, mais aussi au développement de la connaissance autour de l’énergie et la réduction de sa consommation au juste nécessaire, ce qui correspond au "E", pour éducation à l’énergie et à la sobriété. Le "G" fait référence au partage gratuit. Et enfin le "S" à la solidarité : le don d'une partie du surplus à un bénéficiaire solidaire, comme un foyer en précarité, une association ou une organisation qui a du sens est encouragé.
Infos et contact : https://amep.co/